L'OÙ

07 > 09 NOVEMBRE 2024
IMMS - FRICHE LA BELLE DE MAI

PROJETS DE RECHERCHE

Pendant la dernière année de leur cursus les futurs comédiens ont la possibilité de travailler sur un projet de recherche. Chaque responsable de projet retenu doit constituer une distribution avec les autres comédiens de sa promotion, l’école apportant un soutien technique à l’opération. Une esquisse de ce travail est présentée au bout de trois semaines de répétitions. Il ne s’agit pas de mise en scène mais plus d’une expérimentation destinée à placer l’acteur face à son obligation de construction et de proposition ; elle vise à conforter l’autonomie et la responsabilisation de chacun des partenaires de ces projets.
Didier Abadie


L'OÙ

Un texte et un projet de recherche de Maëlle Agbodjan - Ensemble 31
Avec 3 apprenti.es/comédien.nes de l'Ensemble 31 : Julien Francfort, Eliot Piette, Carla Ventre

Création lumière Marie Martorelli

RÉSUMÉ

Deux grands catastrophés, TrouMère et TrouPère, font éclater sur des tréteaux de bois le drame de leur condition. Il semblerait qu’il leur manque quelque chose pour toujours : l'Essentiel. La faute sans doute à Dieu qui aurait oublié de colmater le tout à l’heure de la Création. Pétris dans une glaise alvéolée de vide, ils sont ce qu'ils sont : « des mal fichus, des pas finis, des tout pleins d'trous, oui des troufions du Chieur Créateur, ce Porc ! » Celle qui dit ces mots, c'est TrouMère, l'indignée-furie, l'agitée lucide, l'éveillée qui se sait pour toujours condamnée à jaillir hors-d'elle, à bondir au-dehors pour tenter en vain de calmer l'éternelle faim de son dedans. Cet intranquille gargouillement, ce sentiment de l’inachevé est la condition même de sa vie. Vivre, ce serait peut-être faire l’expérience d’une faim à perpétuité. Cette injustice de l’existence, elle compte bien ne pas la traverser seule. Mais comment compter sur TrouPère, lâche et turbulent compagnon qui nie l’abîme qu’il porte. Son refuge ? Malaxer de la viande à pleines mains. Se boucher les oreilles, se boucher la vue, se boucher la bouche pour ignorer la crise du OÙ. Face à l'énigme vertigineuse qu'ils sont, ces deux-là nous apparaissent comme deux clowns ou bien deux ogres. Leur manège est orchestré et commenté par un petit Troubadour, tandis que Troufils, l’Enfant-Frontière-du-Dedans-et-du-Dehors hésite à naître.


NOTE D'INTENTION

Tenter de nommer le mystère du TROU de l'Être. Vaste entreprise...
Partant de questionnements qui me dépassaient, je me suis rendue compte que la malice et le jeu étaient mon entrée pour me permettre d'offrir en partage ces énigmes vertigineuses. Vertigineuses et absurdes. Le jeu a d'abord surgit dans la langue. Faire du concept une drôlerie, en passer par les calembours, les jeux de sons et de sens. Il a fallut bien vite mettre en bouche ce texte, le faire rencontrer les corps des acteurs. « Qu'il leur sorte par les trous ! » dirait Valère Novarina.

J'ai alors proposé à Carla, Eliot et Julien de rêver avec moi, et de se prêter au jeu de cette bouffonnerie existentielle. Après de nombreuses lectures au pupitre, où nous cherchions ensemble comment faire entendre le babillage des personnages, il nous est apparu – en incluant les didascalies à nos lectures – qu'un autre être était en train d'éclore : un Troubadour. Cette drôle d'histoire du trou humain serait donc contée dans le manège que forment une famille. Ce manège se place au théâtre, arène des turbulentes chamailleries de TrouMère et TrouPère. C'est ici aussi que chante-danse le Troubadour tandis que de son côté, TrouFils, l'Enfant-Frontière-du-Dedans-et-du-Dehors, resté au bord du « trou originel » demande : Naître ou ne pas Être ?

Nous avions à présent notre trou-pe. Une troupe pour conter, pour chanter le Mystère.

Il s'agit de poser la question de notre in-finitude humaine, et de faire entendre l'énigme des personnages qui est peut-être aussi la nôtre: le trouble de n'être pas finis, le trouble d'être troués.

Car l'Être troué, imparfait, in-fini, c'est un humain, par essence.

L’expérience du trou s’inscrivant autant dans notre chair (orifices corporels), que dans notre expérience spirituelle de vivants (mystère de l’animal humain), nous voulons mettre en jeu les mots et la matière. A travers la manipulation de matériaux :rendre compte de l 'insuffisance de notre « viande ». Le théâtre étant le lieu de la rencontre des langages, et l'endroit où se pose l'énigme de l'identité humaine, L'Où serait à la fois une farce où s'agite ce couple en grotesque détresse existentielle, mais aussi, une plongée dans les « Interstices », des moments chantés qui ponctuent la pièce et glissent dans l'intimité des personnages.

CHANSONS

Le goût du travail de la langue et des mots dans le jeu a naturellement ouvert l'espace de la musicalité et du chant. Ainsi, chaque fin d'acte de la pièce se clôt par une comptine suivi d'un « Interstice » chanté. Les interstices sont des moments en rupture avec le reste de la pièce. Il s'agit de temps suspendus donnant le focus à un personnage. Le rythme et le registre de ces moments forment un espace en revers du reste de la pièce : on entre dans le secret d'un personnage. Les chansons permettent ainsi la création de ces espaces singuliers.

Maëlle Agbodjan


PRÉSENTATIONS
Jeudi 07 novembre 2024 - 19h
Vendredi 08 novembre 2024 - 19h
Samedi 09 novembre 2024 - 17h

Lieu
IMMS - FRICHE LA BELLE DE MAI

Gratuit sur réservation
Tél : 04 95 04 95 78
contact13@eracm.fr