L'OÙ

07 > 09 NOVEMBRE 2024
IMMS - FRICHE LA BELLE DE MAI

PROJETS DE RECHERCHE

Pendant la dernière année de leur cursus les futurs comédiens ont la possibilité de travailler sur un projet de recherche. Chaque responsable de projet retenu doit constituer une distribution avec les autres comédiens de sa promotion, l’école apportant un soutien technique à l’opération. Une esquisse de ce travail est présentée au bout de trois semaines de répétitions. Il ne s’agit pas de mise en scène mais plus d’une expérimentation destinée à placer l’acteur face à son obligation de construction et de proposition ; elle vise à conforter l’autonomie et la responsabilisation de chacun des partenaires de ces projets.
Didier Abadie


L'OÙ

Un texte et un projet de recherche de Maëlle Agbodjan - Ensemble 31
Avec 3 apprenti.es/comédien.nes de l'Ensemble 31 : Julien Francfort, Eliot Piette, Carla Ventre

Création lumière Marie Martorelli


NOTE D'INTENTION

Au commencement
Il y eut d'abord l’œil, et l’œil entra.
Hublot. Narines. Bouche. Bouches d'égouts. Vagin. Serrure. Passoire. Lobes percés d'oreilles. Emmental. Poinçonneur des Lilas, caniveaux, boule à thé, etc...
Qu'il soit noir ou de mémoire, du cul ou de Bozouls, TROU était partout. A la fois tout bêtement dans le paysage, mais aussi et surtout, dans une vaste diversité de champs de choses sans rapports immédiats les unes avec les autres. Il m'est apparu que le TROU venait ouvrir des interrogations d'ordres extrêmement divers : sexuel, pictural, philosophique, biologique, artistique, organique, scientifique, physique, quantique, psychanalytique, cosmique, métaphysique...
Et puis, une autre question s'est parallèlement posée : qu'est-ce que chercher ? Comment traduire le fait de chercher ? Comment dire tout ce que mobilise ce verbe en soi ? Qu'est-ce qui agit ? De fil en aiguilles, à tâtons, tentant de nommer, j'écrivais, m'appliquant à rendre le plus concrètement, c'est à dire le plus sensiblement, physiquement, le plus justement possible ce que ma sensation de ce simple verbe, chercher, faisait, me faisait. Écrire la peau de ce verbe là. La sensation de ce verbe agissant. Son dynamisme. Son élan, son mouvement, son ressort. Ce que j'entamais alors, c'était la naissance d'un drôle de singulier babillage qui allait devenir la parole d'un être conscient d'être tout entier troué, manquant et manqué. Cet être troué, imparfait, in-fini, c'est un humain, par essence, et tout ce qui le meut - le fait de s'extirper du dedans de lui-même pour bondir au-dehors -c'est précisément cet inachèvement qui le constitue. J'écrivais alors les premiers mots de TrouMère.

Intentions
De là donc, de ces premiers pas dans le fait de m'essayer à mettre en mots, à donner des contours de chair à ma pensée, j'ai eu envie de continuer de me demander ce que le TROU de l'Homme me racontait. Il me fallait poursuivre la tentative de nommer, de toucher du doigt par le langage le mystère du TROU de l'être, et d'en modeler, de la pensée, une pensée mienne.
Ce prolongement de la recherche prend désormais la forme d'une parole qui veut entrer en dialogue et en muscle, d'une fable, d'une farce. Partant de concepts et d'interrogations qui me dépassaient, je me suis rendue compte que la malice et le jeu sont devenus mon entrée pour me permettre, m'autoriser à offrir en partage ces énigmes vertigineuses et absurdes. Le jeu, il surgit dans la langue, et de ce jeu, ma pensée trouve peu à peu sa peau, sa densité et son épaisseur dans le corps des acteurs. Par le jeu de la langue, mise en bouche, est venu l'humour, et par l'humour, l'ouverture des possibles. Tout le projet de cette petite pièce réside là : faire du profond qui nous déborde, un terrain de jeu révélateur. Cette drôle d'histoire du TROU serait contée dans le manège que font une petite famille. Ce manège, je le raconte par les moyens du théâtre, devenu l'arène des turbulentes chamailleries de TrouMère et TrouPère. C'est ici aussi que chante-danse TrouFils sous l’œil d'un petit dictateur. L'idée serait de faire évoluer ces personnages, en viande, dans le drame de ce qu'ils sont : des trous ambulants, et de naviguer alors entre plusieurs théâtralités : celle d'une sorte de farce ponctuée de chansons où s'agitent et se bousculent un couple en grotesque détresse existentielle, mais aussi, au cœur d'interstices, moments suspendus de tableaux où laissent s'entendre le tragique de ce cirque haut en couleurs. En bref, tenter de jouer avec ces ogres tout le paradoxe tragi-comique de ce qu'ouvre l'infinitude humaine.

Maëlle Agbodjan


PRÉSENTATIONS
Jeudi 07 novembre 2024 - 19h
Vendredi 08 novembre 2024 - 19h
Samedi 09 novembre 2024 - 17h

Lieu
IMMS - FRICHE LA BELLE DE MAI

Gratuit sur réservation
Tél : 04 95 04 95 78
contact13@eracm.fr